Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/310

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fierté de son rang pour accourir avec la même ardeur, retarda de quelques momens les explications ; mais cet empressement fit connaître qu’il souhaitait l’arrivée de Cortez autant que les Espagnols mêmes ; et si l’on croyait pouvoir douter de ses dispositions, il serait difficile d’expliquer pourquoi, n’étant plus retenu par la force, il n’avait pas fait usage de cette liberté pour retourner dans son palais pendant l’absence du général. Tous les historiens reconnaissent que, moitié politique, pour soutenir l’opinion qu’il se flattait d’avoir fait prendre à son peuple, et aux Espagnols mêmes, des motifs qui l’arrêtaient dans leur quartier ; moitié crainte, depuis la révolte du prince de Tezcuco et peut-être aussi par attachement pour ses hôtes, qui étaient parvenus à lui inspirer de la confiance, et qu’il regardait comme un appui contre ses propres sujets, il ne varia plus dans les témoignages de son affection ni dans l’exécution de ses promesses.

Cortez se fit raconter ce qui s’était passé pendant son absence. Un corps nombreux de Mexicains, animés et conduits par quantité de seigneurs, avait attaqué plusieurs fois les Espagnols dans leurs quartiers, sans respect pour la personne et les ordres de leur souverain, qui n’avait rien épargné pour apaiser la sédition ; ils avaient tenu long-temps Alvarado comme assiégé, et quatre des plus braves soldats avaient été tués dans le dernier assaut. Les rebelles s’étaient retirés depuis deux jours ;