Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/316

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fendre des flèches, par celle de repousser leurs ennemis, et par le soin de ramasser ces flèches, dont la multitude embarrassait les passages. L’artillerie et les arquebuses faisaient cependant un affreux carnage : mais les Mexicains étaient si déterminés à mourir ou à vaincre, qu’ils s’empressaient de remplir le vide que les morts avaient laissé, et qu’ils se serraient avec le même courage, en foulant aux pieds sans distinction leurs blessés et leurs morts. Plusieurs s’avancèrent jusque sous le canon, où ils s’efforcèrent avec une obstination incroyable de rompre les portes et d’abattre les murs avec leurs haches garnies de pierres tranchantes. Si l’on ne connaissait jusqu’où l’esprit de parti peut porter l’injustice, croirait-on que la bravoure héroïque de ces hommes qui combattaient nus pour leur liberté contre des tyrans armés de fer et de la foudre, est traitée par les historiens espagnols de témérité brutale et de férocité ?

Cependant, après avoir été repoussés de toutes parts, ils se retirèrent dans leurs rues pour s’y mettre à couvert des boulets et des balles qui les poursuivaient : leur usage n’étant point de combattre dans l’absence du soleil, ils se séparèrent à la fin du jour ; ce qui n’empêcha pas les plus hardis de venir pendant la nuit mettre le feu à plusieurs endroits du quartier. La flamme s’empara tout d’un coup des édifices, et s’y répandit avec tant de violence, qu’on fut obligé d’en abattre une partie ; après