Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/320

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brûlées, et les Mexicains, s’approchant de plus près des armes à feu, perdirent encore plus de monde que dans les deux actions précédentes. À l’approche de la nuit, Cortez, maître de plusieurs postes qu’il ne désirait pas de garder, conçut qu’il avait peu d’utilité à tirer de son expédition, et ne se servit de ses avantages que pour retourner heureusement au quartier. Il avait perdu quarante hommes, la plupart, à la vérité, Tlascalans ; mais les deux tiers de ses Espagnols étaient blessés, et lui-même avait la main percée d’un coup de flèche.

Sa blessure lui servit de prétexte pour se retirer au fond de son appartement ; mais, comme il le dit lui-même, il y portait une plaie plus profonde. Il revenait convaincu qu’il lui était impossible de soutenir cette guerre sans perdre son armée et sa réputation. Il ne pouvait penser sans une vive douleur à quitter la capitale du Mexique, et toutes ses lumières ne lui offraient aucune ressource pour s’y maintenir.

Après avoir passé la nuit dans cette agitation, il reçut dès la pointe du jour un autre sujet de chagrin par la déclaration de Montézuma, qui, désespérant de ramener ses sujets à la soumission, tant qu’ils verraient les Espagnols si près d’eux, lui ordonna d’un ton absolu de se disposer à partir. Quoique cet ordre parût dicté par la crainte plutôt que par l’autorité, Cortez, persuadé que la retraite était nécessaire, prit le parti de lui répondre