Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/327

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pleurs. Le coup qu’il avait reçu à la tête parut dangereux ; mais ses agitations le rendirent bientôt mortel. Il expira le troisième jour, en chargeant, dit-on, les Espagnols de sa vengeance, mais sans avoir voulu prêter l’oreille à leurs instructions. Tels sont les sentimens que lui prêtent les historiens espagnols ; mais est-il bien sûr que ce faible et malheureux prince se soit mépris à ce point, même dans ses derniers momens, sur ses vengeurs et sur ses ennemis ? Était-ce donc les Espagnols, auteurs de toutes ses infortunes et de tous ses affronts ; était-ce eux qu’il devait implorer contre de fidèles sujets, qui, plus généreux que lui, signalaient, pour le venger, le courage qu’il n’avait osé montrer pour se défendre ? Était-ce les Mexicains ou les Espagnols qui étaient ses véritables assassins ? Ceux qui avaient osé l’enchaîner dans son propre palais étaient-ils ses défenseurs ? et ceux qui venaient mourir pour lui au pied des murailles de ce même palais étaient-ils ses ennemis ? Avouons-le, quelque admiration qu’on ait d’abord pour l’intrépidité imposante de cette poignée d’Espagnols qui bravaient toutes les forces d’un empire, peut-être est-il un hommage plus légitime à rendre à ce peuple, dont toute la conduite, examinée de près, ne peut manquer de paraître vraiment respectable ? Après avoir prodigué l’accueil le plus hospitalier à ces étrangers qui parlent en maîtres, ils ne se déclarent contre eux que lorsqu’ils ne peuvent plus douter que leur empereur ne soit re-