Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/42

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gnant de la chaleur pour ses intérêts, se rendirent à son bord, rejetèrent ce qui s’était passé sur l’emportement de quelques mutins, et l’assurèrent que tous les honnêtes gens le souhaitaient pour gouverneur. Il donna dans le piége malgré l’avis de Balboa. Ces trois traîtres, auxquels il ne fit pas difficulté de se fier, l’ayant livré à ses ennemis, il fut embarqué peu de jours après sur un méchant brigantin, avec dix-sept hommes, qui s’attachèrent volontairement à sa fortune. En vain prit-il le ciel à témoin de cette cruauté, et cita-t-il ses ennemis au jugement de Dieu et des hommes ; on lui reprocha d’avoir fait périr une infinité de Castillans par son ambition ou sa mauvaise conduite ; et les plus modérés furent ceux qui lui conseillèrent ironiquement d’aller rendre compte en Espagne des services qu’il avait rendus à la nation. Il mit à la voile sans qu’on ait jamais su dans quel lieu du monde sa mauvaise fortune l’avait conduit. Ce ne fut qu’en 1519 qu’on apprit par hasard qu’ayant été jeté par un naufrage dans de petites îles nommées les Caimans, au nord-ouest de la Jamaïque, et voulant passer à la terre-ferme du côté de l’Yucatan, il était tombé entre les mains d’un cacique qui le sacrifia aux idoles du pays, et qui fit un festin de sa chair.

Après son départ, Balboa se mit sans peine en possession de l’autorité. Il fit arrêter Enciso, après lui avoir reproché de vouloir usurper une place dont les provisions devaient venir du