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qu’il était chargé de l’expédition, que, tout le monde s’empressant d’en partager l’honneur avec lui, on vit arriver à Salvatiare de la Savana, où se faisait l’embarquement, plus de trois cents volontaires de toutes les parties de l’île. Il mit à la voile avec quatre vaisseaux, et la distance n’étant que d’environ dix-huit lieues d’une île à l’autre, il alla débarquer heureusement à l’extrémité orientale de Cuba, vers la pointe de Meyci.

Ce canton avait alors pour maître un cacique nommé Hatuey, qui était né à Espagnola, et qui, en étant sorti avec un grand nombre de ses sujets pour éviter la tyrannie des Européens, avait formé un petit état où il régnait paisiblement. Comme il craignait toujours que ces redoutables ennemis ne le suivissent dans sa retraite, il avait sans cesse des espions qui lui donnaient avis de tous leurs mouvemens. À la première nouvelle du dessein de l’amiral, il assembla les plus braves de ses sujets et de ses alliés pour leur représenter ce qu’ils avaient à redouter de la persécution des Castillans, et pour les animer à la défense de leur liberté. Mais il les assura que tous leurs efforts seraient inutiles, s’ils ne commençaient par se ménager la faveur du dieu de leurs ennemis, qui était un maître fort puissant, et pour lequel ces cruels tyrans étaient capables de tout entreprendre. « Le voilà, leur dit-il en leur montrant de l’or dans un petit panier ; voilà ce dieu pour lequel ils prennent tant de peine, et qu’ils ne