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produisirent des découvertes réelles. Il est assez naturel aux aventuriers d’avoir des idées romanesques. Une ancienne tradition des Antilles avait persuadé à tous les Américains que dans une île nommée Bimini, du nombre des Lucayes, et proche du canal de Bahama, il y avait une fontaine dont les eaux avaient la vertu de rajeunir les vieillards qui s’y baignaient. Personne ne fut plus enchanté de ces douces rêveries que Ponce de Léon. Un autre égarement d’imagination lui avait fait espérer la découverte d’un troisième monde ; et comme c’était trop peu pour une si vaste entreprise que les jours qui lui restaient dans l’ordre de la nature, il voulait commencer par le renouvellement de ceux qui s’étaient écoulés, et s’assurer pour toujours d’une vigoureuse jeunesse. Dans la course dont on vient de parler, il s’était informé continuellement de la merveilleuse fontaine ; il avait goûté de toutes les eaux, même de celles des marais les plus bourbeux. Enfin il ordonna à son lieutenant Ortubia et au pilote Alaminos de continuer les mêmes recherches ; mais ce qui rendit son voyage utile, ce fut la connaissance qu’il donna du canal de Bahama, que les navigateurs commencèrent bientôt à suivre pour retourner en Europe ; de là aussi l’établissement du port de la Havane, à deux petites journées du canal, pour servir d’entrepôt à tous les vaisseaux qui venaient de la Nouvelle-Espagne.

Cependant Balboa, qui n’ignorait pas qu’à