Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/68

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le roi et la reine nos seigneurs, en vertu des patentes royales que je tiens de leurs mains ; de l’avis et du consentement du seigneur trésorier-général en ces îles et terre-ferme pour leurs majestés, je vous commets tel cacique, avec tant d’Américains, que je vous recommande pour vous en servir dans vos labourages, dans les mines et dans la ménagerie, suivant l’intention de leurs majestés et leurs ordonnances, que vous observerez ponctuellement ; et vous en aurez soin tout le temps de votre vie et de votre héritier, fils ou fille, si vous en avez, parce qu’ils ne vous sont commis qu’à cette condition par leurs majestés, et par moi en leur nom ; vous avertissant que, si vous ne gardez pas les susdites ordonnances, ces Américains vous seront ôtés, et que l’obligation de conscience pour le temps et la manière tombera sur vous, et non sur leurs majestés, outre la peine que vous encourrez, et qui est contenue dans les mêmes ordonnances. »

Ces ordonnances étaient mal exécutées dans des pays où ceux qui devaient les faire observer étaient les premiers contrevenans, où la complicité des crimes et le partage du butin étaient l’intérêt le plus général : la cour d’Espagne fermait les yeux, pourvu qu’on lui envoyât beaucoup d’or ; mais à quel prix l’avait-on ? Il faut entendre Las Casas dans l’Histoire de Saint-Domingue. « Les Espagnols (dit-il en parlant des Américains) les accouplaient pour