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s’approcher de leur bourgade. Quoique leur dernière aventure leur rendît cette invitation suspecte, ils résolurent d’y aller bien armés. La curiosité les fit entrer dans quelques temples bien bâtis, qui se présentaient sur leur passage, et dans lesquels ils furent surpris de trouver, avec quantité d’idoles, des taches de sang toutes fraîches, et des croix peintes sur les murs. Ils y furent bientôt environnés d’une multitude des deux sexes, qui ne se lassait point de les admirer. Quelques momens après, ils virent paraître deux troupes qui marchaient en bon ordre et qui étaient armées ; dans le même temps, il sortit d’un temple dix hommes, qu’ils prirent pour des prêtres, vêtus de longues robes blanches, avec une chevelure noire fort frisée ; ils portaient du feu dans des réchauds de terre où ils jetaient une sorte de gomme, en dirigeant la fumée du côté des Castillans, et les pressant de se retirer. Après cette cérémonie, on entendit le bruit de plusieurs instrumens de guerre qui sonnaient la charge. Hernandez, qui ne se voyait point en état de résister à un peuple si nombreux, fit reprendre à ses gens le chemin de la mer ; et, quoique suivi par les deux troupes, qui ne le perdirent pas de vue, il fut assez heureux pour se rembarquer sans aucun accident. Il y a toute apparence que la cérémonie qu’il avait vue était une espèce d’exorcisme.

Il reprit sa route au sud pendant six jours, et, l’eau commençant à lui manquer, il mouilla