Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/90

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était entendue dans une grande partie de la Nouvelle-Espagne, pour les assurer qu’il ne pensait point à troubler leur repos, et que dans le dessein, au contraire, de se rendre utile à leur nation, il leur offrait la paix et son alliance. Cette déclaration en fit approcher vingt ou trente, avec un mélange de confiance et de crainte : mais l’accueil qu’ils reçurent ayant achevé de les rassurer, Grijalva leur fit dire que les Castillans étaient sujets d’un grand roi, maître de tous les pays où ils voyaient naître le soleil, et qu’il était venu les inviter de la part de ce prince à le reconnaître aussi pour leur souverain. Ce discours fut écouté avec une attention qui parut accompagnée de quelques marques de chagrin. Leur disposition semblait encore incertaine, lorsqu’un de leurs chefs, imposant silence à toute la troupe, répondit d’un air et d’un ton ferme « que cette paix qu’on leur offrait avec des propositions d’hommage et de soumission avait quelque chose de fort étrange ; qu’il était surpris d’entendre qu’on leur parlât d’un nouveau seigneur sans savoir s’ils étaient mécontens de celui auquel ils obéissaient ; que, pour ce qui regardait la paix ou la guerre, puisqu’il n’était question maintenant que de ces deux points, il n’était pas revêtu d’une autorité suffisante pour donner une réponse décisive ; mais que ses supérieurs, auxquels il allait expliquer ce qu’on avait proposé, feraient connaître leur résolution. » Les Espagnols jugèrent qu’ils s’é-