Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/96

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rivage, où il retomba sous le pouvoir du gouverneur, qui, frappé de l’énergie de son caractère, prit le parti de s’en faire un ami, et le combla de faveurs. Vélasquez, qui voulait, surtout dans ses lieutenans, un dévouement servile à ses volontés et à ses intérêts, crut avoir trouvé ce qu’il cherchait dans un homme tel que Cortez, qui lui avait tant d’obligations ; mais ceux qui avaient observé de plus près l’âme altière et ambitieuse de ce nouveau commandant, jugèrent que la confiance de Vélasquez ne pouvait pas être plus mal placée. Un jour que le gouverneur et le capitaine-général de la flotte se promenaient ensemble, un fou, nommé Francisquillo, s’approcha d’eux, et se mit à crier que Vélasquez n’y entendait rien, et qu’il lui faudrait bientôt une seconde flotte pour courir après Cortez. Compère, dit le gouverneur (c’était ainsi qu’il nommait ordinairement Cortez, dont il avait tenu la fille sur les fonts de baptême), entendez-vous ce que dit ce méchant Francisquillo ? C’est un fou, dit Cortez, il faut le laisser parler. Cependant les concurrens au commandement qu’il avait obtenu profitèrent de ces ouvertures pour jeter des soupçons dans l’esprit naturellement défiant de Vélasquez. Cortez, qui s’en aperçut, ne songea qu’à presser son départ : il employa aux préparatifs tout son bien et celui de ses amis. L’étendard qu’il fit arborer portait le signe de la croix, avec ces mots pour devise, en latin : nous vaincrons par ce