Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/99

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Cependant, à peine était-il parti, que Vélasquez, excité par de nouvelles représentations, surtout par celles d’un astrologue nommé Jean de Milan, dont les prédictions ambiguës augmentèrent ses craintes, résolut de tout tenter pour lui ôter le commandement. Il commença par envoyer un ordre exprès à Verdugo, son beau-frère, qui exerçait l’emploi d’alcade major à la Trinité, de le déposer dans toutes les formes établies au service d’Espagne. Cette commission était plus facile à donner qu’à remplir : Cortez était sûr de tous ceux qu’il avait sous ses ordres, et Verdugo comprit qu’il exposerait inutilement son autorité ; d’ailleurs il se laissa persuader par les discours séduisans de Cortez que, pour son propre intérêt et celui de son beau-frère, une entreprise de cet éclat demandait plus d’explication. Il écrivit à Vélasquez ; la plupart des officiers de la flotte écrivirent de leur côté pour représenter au gouverneur l’injustice qu’il voulait faire à un homme de mérite, dont tout la crime était apparemment d’avoir excité l’envie, et le danger qu’il y avait de révolter l’armée par le mauvais traitement dont on menaçait son général. Enfin Cortez écrivit lui-même dans des termes fort mesurés, mais pleins de noblesse, qui faisaient sentir à Vélasquez le tort qu’il avait de prêter si facilement l’oreille à la calomnie. Cependant, après le départ de toutes ses dépêches, il jugea que, dans une conjoncture si délicate, la prudence l’obligeait de hâter sa