que nous faisions, et bientôt il le fut tellement, que nous demeurâmes incertains si nous devions retourner sur nos traces ou nous arrêter. Cependant les guides excitèrent notre courage en nous disant que nous avions déjà fait la moitié du chemin. Ils nous assurèrent que ce qui pouvait nous arriver de pis, était de nous voir forcés de nous reposer un mille plus loin, près d’une fontaine, et dans une loge qu’on avait dressée sous des arbres pour les voyageurs qui se trouvaient surpris par la nuit ou par la force du vent.
« Nous montâmes avec beaucoup de peine jusqu’au lieu qu’on nous annonçait, et nous le trouvâmes tel qu’on nous l’avait représenté. La fontaine et la loge nous furent également agréables ; mais le vent, dont la violence ne faisait qu’augmenter, redoubla tellement nos craintes, qu’aucun de nous ne se sentit la hardiesse d’avancer ni de retourner en arrière. La nuit approchait, il ne nous restait rien pour souper. Tandis que nous nous regardions les uns les autres sans savoir comment nous apaiserions la faim qui commençait à nous presser, nous aperçûmes entre les arbres un citronnier chargé de fruits. Les citrons étaient aigres ; mais nous ne laissâmes point d’en manger avidement, assez satisfaits de la facilité que nous avions à les cueillir. Vers la pointe du jour, le vent devint encore plus impétueux. Il était impossible d’avancer en montant, et presque aussi dangereux de descendre. Nous