tion. L’eau, les citrons aigres et la poudre de maïs furent encore notre unique ressource ; mais on ne s’endormit qu’après avoir absolument résolu d’affronter toutes les difficultés, si le vent n’était pas changé le lendemain. Il se trouva le même le jeudi au matin, qui était le cinquième jour. Alors notre courage fut excité si vivement par la faim, qu’après avoir invoqué celui qui commande à la mer et aux vents, nous montâmes sur nos mulets pour nous avancer vers le sommet de la montagne. Ce ne fut pas sans avoir écrit sur l’écorce d’un grand arbre nos noms et le nombre de jours que nous avions passés à jeun dans la loge.
« Nous marchâmes assez long-temps, avec le seul embarras de résister au vent. Les bords de quelques sentiers étroits et taillés dans les rochers servaient à nous soutenir, et nous causaient moins de crainte que de fatigue. Aussi quittâmes-nous nos mulets pour marcher à pied, et le chemin nous en parut plus facile ; mais, lorsque nous fûmes au sommet de Maquilapa, dans la langue du pays, une tête sans poil, nous reconnûmes la grandeur du péril dont on nous avait menacés. Nous regrettâmes la loge et nos citrons aigres. Cette terrible hauteur est véritablement chauve, c’est-à-dire sans arbres, sans pierres et sans la moindre inégalité qui puisse servir d’abri. Elle n’a pas plus de deux cent cinquante pas de long ; mais elle est si étroite, si rase et si élevée, qu’on se sent tourner la tête en y arrivant. Si l’on jette