cornes, abat la tête du bœuf. Le vainqueur remonte ensuite à cheval, et va chercher une autre proie, pendant que les écorcheurs, dont il est toujours suivi, dépouillent celle qu’il leur laisse. L’oreille droite du cheval qui sert à cette chasse est ordinairement abattue, ce qui vient de la pesanteur de la lance qu’on tient long-temps sur sa tête : et cette marque sert à faire connaître les chevaux bien exercés.
La guerre continuelle que l’on fait à ces animaux les a rendus si féroces, qu’il y a du danger pour un homme seul à les tirer dans les savanes. Les vieux taureaux qui ont déjà reçu des blessures n’attendent pas toujours qu’ils soient attaqués pour se précipiter sur leurs ennemis. Lorsqu’on approche d’un troupeau, toutes les bêtes qui le composent se rangent comme en bataille, et se tiennent sur la défensive ; les vieux taureaux sont à la tête, les vaches viennent ensuite, et le jeune bétail est à la queue : si l’on tourne à droite ou à gauche pour donner sur l’arrière-garde, les taureaux ne manquent pas de tourner en même temps et de faire face aux chasseurs. Aussi ne les attaque-t-on presque jamais en troupes : on les observe du bord d’un bois pour surprendre ceux qui s’écartent dans les savanes. Les cuirs, qu’on transporte en Europe, font une des plus grandes richesses de la Nouvelle-Espagne.
Les chèvres, qui sont aussi en fort grand nombre, fournissent non-seulement du lait et des cabris, mais un fort bon suif, dont on fait