Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/275

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amertume. Ils prirent néanmoins un peu de poisson ; mais une continuelle fatigue, jointe à de si mauvais alimens, ne tarda point à les épuiser. Ils avaient envoyé le vaisseau à l’île des Perles pour y prendre quelques provisions. En attendant son retour, Pizarre s’efforça de soulager les plus faibles, prit sur lui les plus grands travaux, et secourut particulièrement les malades. Un jour ils aperçurent de loin une clarté qui les surprit. Pizarre prit avec lui quelques braves, et marcha vers l’endroit d’où la lumière semblait partir : il y trouva quantité de cocos. Le vaisseau revint d’ailleurs avec des vivres, et sa vue seule ranima les malades : mais il était déjà mort vingt-cinq hommes à son arrivée. Ce désastre fit donner au port le nom de Puerto de la hambre, c’est-à-dire, Port de la famine. Ils continuèrent d’avancer, et le jour de la Chandeleur ils se rendirent dans une terre qu’ils en prirent occasion de nommer la Candelaria, terre si dangereuse par son humidité, que leurs habits y pourirent en peu de jours, et si coupée de montagnes et de bois, qu’il leur fut impossible d’y pénétrer. Ils remirent en mer pour débarquer plus loin. Un chemin qui s’offrit aux plus empressés les conduisit, après deux lieues de marche, dans un petit village sans habitans, mais dans lequel ils trouvèrent beaucoup de maïs, de la chair de porc, des pieds et des mains d’hommes ; ce qui leur fit connaître qu’ils étaient chez une