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les Espagnols. Portillo fut tué dans le combat. Barba y reçut plusieurs coups de flèches dont il mourut peu de jours après, et peu de leurs gens échappèrent sans blessures. Cortez, furieux de cet échec, ne perdit pas un moment pour venger deux officiers qu’il aimait. Les Mexicains, avec une simplicité qu’ils mêlaient aux ruses de la faiblesse, s’imaginèrent que leurs ennemis pourraient donner deux fois dans le même piége. Après avoir réparé leurs barques, ils reprirent leur poste entre les roseaux. Le général, averti de ce mouvement, envoya six brigantins qui détruisirent presque entièrement les trente barques.

On eut dans le même temps divers avis de ce qui se passait à Mexico par les prisonniers qu’on faisait continuellement aux attaques ; et le général, apprenant que la soif et la faim commençaient à presser les habitans, apporta plus de soin que jamais à leur couper les vivres. Il rendit la liberté à deux ou trois des principaux prisonniers, en les chargeant de dire à l’empereur qu’il lui offrait la paix avec promesse de ne rien entreprendre sur sa couronne, à la seule condition qu’il s’engageât à reconnaître la souveraineté du roi d’Espagne, dont les droits étaient fondés, parmi les Mexicains, sur leur tradition et l’autorité de leurs ancêtres. D’autres prisonniers rapportèrent que Guatimozin avait reçu cette proposition sans orgueil, et qu’ayant assemblé tous ses caciques, il leur avait représenté le misérable état