qua, et ses larmes en étouffèrent les derniers mots. L’impératrice laissa couler les siennes avec moins de retenue. Cortez, attendri lui-même de ce triste spectacle, leur laissa quelques momens pour soulager leur douleur, et répondit enfin « que l’empereur du Mexique n’était pas tombé dans une disgrâce indigne de lui ; qu’il n’était pas le prisonnier d’un capitaine, mais celui d’un prince si puissant, qu’il ne reconnaissait point de supérieur au monde, et si bon, que le grand Guatimozin pouvait espérer de sa clémence non-seulement la liberté, mais encore la paisible possession de l’empire mexicain, augmenté du glorieux titre de son amitié ; et qu’en attendant les ordres de la cour d’Espagne, il ne trouverait point de différence entre la soumission des Espagnols et celle de ses propres sujets. »
Guatimozin était âgé d’environ vingt-quatre ans ; sa taille était haute et bien proportionnée. Il avait le teint d’une blancheur qui le faisait paraître étranger au milieu des Américains ; mais, quoique ses traits n’eussent rien de désagréable, une majestueuse fierté qu’il affectait de conserver dans son malheur semblait plus propre à lui attirer du respect que de l’affection ou de la pitié. L’impératrice était à peu près du même âge. Elle était nièce de Montézuma ; et Cortez ne l’eut pas plus tôt appris, que, lui renouvelant ses offres de service, il déclara hautement que tous les Espa-