fortuné prince, pour le forcer à découvrir le lieu où il avait caché ses richesses. Guatimozin fut étendu sur des charbons ardens, et un des principaux seigneurs de sa cour fut livré près de lui au même supplice. C’est dans ce moment que le monarque mexicain, qui souffrait les tourmens avec une constance inaltérable, adressa ce reproche sublime à son sujet, dont il entendait les plaintes : Et moi, suis-je sur un lit de roses ? Cortez fit cesser cette odieuse exécution, et il fallut en croire Guatimozin, qui déclara qu’il avait jeté tous ses trésors dans le lac. On les chercha long-temps au fond des eaux, mais inutilement ; et le dépit que les Espagnols conçurent de voir leur avarice trompée contribua sans doute à l’arrêt de mort qu’ils portèrent deux ans après contre Guatimozin. On l’accusa d’une conspiration ; il fut condamné à un supplice honteux, et le successeur de Montézuma expira sur un gibet.
Mais la fortune n’épargna guère plus Cortez que les autres conquérans de l’Amérique. Il fut rappelé en Europe sur les accusations de ses ennemis, et obligé de se justifier. Il les confondit pour cette fois, et fut renvoyé avec de nouveaux titres et l’ordre de faire de nouvelles découvertes. Celle de la Californie lui coûta la moitié de son bien ; mais il n’en fut pas mieux traité à son retour : le crédit de ses ennemis l’emporta sur ses services ; il se vit négligé de la cour et sans aucune considération : à peine pouvait-il obtenir audience de