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aux Mexicains des fatigues incroyables, abandonné et repris, est encore resté imparfait.

Mexico est situé sur le bord septentrional du lac salé, de manière néanmoins que, par sa forme et par la multitude de ses canaux, tout le corps de la ville paraît bâti dans l’eau, à peu près comme Venise l’est dans la mer. L’ancienne ville était composée d’environ vingt mille maisons, et l’on y distinguait trois sortes de rues, toutes fort larges et fort belles ; les unes, qui étaient des canaux traversés de plusieurs ponts ; d’autres, sur la terre ; les troisièmes, moitié sur la terre et sur l’eau, c’est-à-dire une partie sur laquelle on pouvait marcher, tandis que l’autre partie servait aux canots qui apportaient des vivres. La plupart des maisons avaient deux portes, l’une vers la chaussée, et l’autre vers l’eau. Elles étaient petites, basses et sans fenêtres, par une police singulière, qui ordonnait que les simples habitans fussent plus humblement logés que les seigneurs ; mais elles étaient propres, commodes, et capables, dans leur petitesse, de servir de logement à plusieurs ménages. Les premières relations donnent à l’ancien Mexico deux fois la grandeur de Milan. Elles assurent que par l’apparence il l’emportait de beaucoup sur Venise ; ce qui venait de la multitude des palais impériaux, de ceux des seigneurs qui étaient environnés de jardins, et surtout de la hauteur des temples. Mais quoique la ville fût si remplie d’eau, la principale incom-