Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui donnaient sur autant de rues, et dont la principale offrait les armes de l’empire déjà représentées dans la première audience de Cortez. La partie des édifices qui servait de logement à l’empereur renfermait trois grandes cours, chacune ornée d’une belle fontaine ; cent chambres, de vingt-cinq ou trente pieds de long ; et cent bains. Quoiqu’il n’entrât pas un clou dans ce vaste bâtiment, tout y était d’une solidité que les Espagnols ne se lassèrent point d’admirer. Les murs étaient un mélange de marbre, de jaspe, de porphyre et de différentes pierres, les unes noires et rayées de rouge ; d’autres blanches, qui jetaient un éclat merveilleux. Les toits étaient des planches jointes avec beaucoup d’art, minces, sans être moins fermes. Toutes les chambres étaient curieusement parquetées de cèdre ou de cyprès, et nattées à hauteur d’appui. Les unes étaient enrichies de tableaux et de sculptures qui représentaient différentes sortes d’animaux ; et les autres, revêtues de tapisseries de coton, de poil de lapin, et de différentes sortes de plumes. À la vérité, les lits ne répondaient point à cet air d’opulence et de grandeur. C’étaient de simples couvertures étendues sur des nattes. Mais peu d’hommes couchaient dans ce palais. Il n’y restait le soir que les femmes de l’empereur, dont on fait monter le nombre jusqu’à trois mille, en y comprenant les suivantes et les esclaves. Il n’était pas rare d’en voir cent cinquante qui se trouvaient grosses à