Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/82

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« Mexico, dit-il, est situé proche du lac, dans une plaine fort marécageuse, à 19 degrés 40 minutes de latitude du nord. Quelque soin que les habitans apportassent à faire de bons fondemens, leurs maisons sont à demi ensevelies dans un terrain qui n’est pas capable de les soutenir. La forme de cette grande ville est carrée ; et ses rues droites, larges et bien pavées, qui répondent aux quatre vents principaux, lui donnent quelque ressemblance avec un échiquier : aussi la voit-on tout entière, non-seulement du centre, mais de toutes les parties : son circuit est de deux lieues, et son diamètre d’environ une demie. »

On peut dire que Mexico le dispute aux meilleures villes d’Italie par les édifices, et qu’il l’emporte par la beauté des femmes. Elles sont passionnées pour les Européens, qu’elles appellent Chachopins ; et, quelque pauvres qu’ils soient, elles préfèrent leur main à celle des plus riches créoles. De là vient que les créoles ont tant d’aversion pour les Européens qu’ils les insultent par des railleries continuelles. Les Espagnols qui arrivent s’en trouvent quelquefois offensés jusqu’à répondre à leurs plaisanteries par des coups de pistolet.

On compte dans la capitale de la Nouvelle-Espagne environ cent mille habitans ; dont la plus grande partie est de noirs ou de mulâtres ; ce qui paraît venir non-seulement du grand nombre d’esclaves qu’on y a menés, mais encore de ce que, tous les biens étant