Il vient des ports de la Nouvelle-Espagne à Lima du goudron, du fer, de l’indigo, mais en petite quantité ; de Caracas, beaucoup de tabac en feuilles, et des perles dont le débit est toujours fort grand pour les bijoux et la parure des femmes.
Entre les modes des femmes de Lima il n’y en a point d’aussi générale que celle de porter dans la bouche ce qu’elles nomment un limpion. Il paraît par la signification du mot que cet usage n’est venu, dans son origine, que du désir de se tenir les dents propres. Le mot de limpion dérive de limpiar, qui signifie nettoyer. On appelle ainsi de petits rouleaux de tabac longs de quatre pouces sur neuf lignes de diamètre, enveloppés dans du fil fort blanc, dont on les tire par degrés à mesure qu’on en fait usage. Les dames se contentent de porter le bout du limpion à la bouche pour le mâcher un instant, et s’en frottent les dents, qu’elles croient plus belles et plus nettes après cette opération ; mais les femmes du commun la poussent à l’excès. Elles sont horribles à voir avec un limpion entier, qu’elles ont continuellement dans la bouche. Cet usage, et celui du tabac à fumer, qui n’est pas moins à la mode parmi les hommes, occasione une grande consommation de tabac en feuilles. Les limpions sont composés de tabac de Guayaquil, mêlé à un peu de tabac de la Havane. Le tabac à fumer se tire de Sana, de Moyamba, de Jaën, de Bracamoros, de Lulla et de Chillaos, où