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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/167

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de sa victoire. Les Péruviens sont aussi adroits que les Chiliens à passer un lacs au cou de toute sorte d’animaux en courant à toute bride ; et, ne connaissant aucun péril, ils attaquent ainsi les bêtes les plus féroces, sans en excepter les ours. Un Péruvien à cheval porte dans sa main une courroie si menue, que l’ours ne peut la saisir de ses pates, et si forte, néanmoins, qu’elle ne peut être rompue par l’effet de la course du cheval et de la résistance de l’ours. Aussitôt qu’il découvre l’animal, il pousse à lui, et celui-ci se dispose à s’élancer sur le cheval : l’Américain, arrivant à portée, jette le lacs, saisit l’ours au cou ; et l’autre bout du lacs, étant attaché à la selle du cheval, il continue de courir avec la plus grande vitesse. L’ours, occupé à se délivrer du nœud coulant qui l’étrangle, ne peut suivre le cheval, et finit par tomber mort. On a peine à décider qui l’emporte, dans cette action, de l’adresse ou de la témérité.

Les Péruviens élevés dans les villes et dans les grands bourgs, surtout ceux qui exercent un métier et qui savent la langue espagnole, ont l’esprit plus ouvert et les mœurs moins grossières que ceux des campagnes. On les distingue par le nom espagnol de landinos, qui revient à celui de prud’hommes ; mais ils conservent toujours quelques usages anciens par un reste de communication avec ceux qui sont moins policés, ou par des préjugés qui les attachent à imiter leurs ancêtres. Les plus spiri-