Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/17

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Quoique les mauvaises qualités du climat, la stérilité du terroir et la rareté des vivres s’opposent invinciblement aux progrès de la ville de Porto-Bello, elle devient, au temps des galions, une des plus peuplées de l’Amérique méridionale. Sa situation dans l’isthme qui sépare la mer du Sud de celle du Nord, l’excellence de son port, et le voisinage de Panama, l’avaient fait choisir pour le rendez-vous du commerce de l’Espagne et du Pérou, et pour le théâtre d’une des plus fameuses foires du monde, quand le commerce avait lieu par les galions.

« Aussitôt qu’on apprend à Carthagène que la flotte du Pérou s’est déchargée à Panama, disent les anciens voyageurs, les galions mettent à la voile pour Porto-Bello, avec l’impatience que la crainte des maladies cause aux équipages. Le concours des marchands de l’une et de l’autre flotte devient si grand à Porto-Bello, que la cherté des logemens y est excessive. Une chambre de médiocre grandeur, avec un cabinet proportionné, se loue, pour le temps de la foire, jusqu’à mille écus, et le prix des moindres maisons est quelquefois porté à cinq ou six mille. Les vaisseaux sont à peine amarrés dans le port, qu’on dresse proche de la bourse, pour chaque chargement, une grande tente, composée des voiles de chaque vaisseau. Les propriétaires des marchandises sont présens lorsqu’on les apporte dans ces magasins, pour reconnaître leurs ballots aux marques qui les