sont extrêmement adroits à jeter des pierres avec la main et la fronde, malheur à qui tombe sous leurs coups pendant leur ivresse. Les Espagnols, si redoutés, ne sont pas alors en sûreté ; la fin de ces jours de trouble est toujours funeste à quelques-uns, et les plus sages prennent grand soin de se tenir renfermés. On s’efforce de supprimer ces fêtes, et depuis quelques années on en a retranché le théâtre où ils représentaient la mort de l’inca.
Frézier, voyageur instruit et judicieux, assure que le principal obstacle à leur conversion vient de ce que la doctrine qu’on leur prêche est sans cesse démentie par les exemples. « Quel moyen, dit-il, dans son style simple et franc, de leur interdire le commerce des femmes lorsqu’ils en voient deux ou trois aux curés ? D’ailleurs chacun de ces curés est pour eux, non pas un pasteur, mais un tyran qui va de pair avec les gouverneurs espagnols pour les sucer, qui les fait travailler à son profit sans les récompenser de leurs peines, et qui les roue de coups au moindre mécontentement. Il est certains jours de la semaine où l’ordonnance royale oblige les Péruviens de venir au catéchisme ; s’il leur arrive d’y arriver un peu tard, la correction paternelle du curé est une volée de coups de bâton, appliquée dans l’église même ; de sorte que, pour se rendre le curé propice, chacun d’eux apporte son présent, tel que du maïs pour ses mules, ou des fruits, des légumes et du bois pour sa maison. Les curés ont même