trouve le climat si chaud, qu’il ne peut souffrir qu’un habit léger ; et l’autre, au contraire, trouve le froid si sensible, qu’il se couvre de ses plus gros habits. L’un trouve la rivière si chaude, qu’il est impatient de s’y baigner ; et l’autre la trouve si froide, qu’il évite d’y tremper la main. Une différence si remarquable ne vient, des deux côtés, que de celle de l’air d’où l’on sort.
En sortant de Tarrigagua, le 8 à neuf heures du matin, les mathématiciens commencèrent à monter la fameuse montagne de Saint-Antoine ; et vers une heure après midi ils arrivèrent dans un lieu que les Américains nomment Guamar, et les Espagnols Cruz de canna, c’est-à-dire Croix de roseaux. La fatigue du chemin les força de s’y arrêter. Cruz de canna est un petit espace de plaine un peu en pente, qui fait le milieu de la montagne. On nous représente le chemin, depuis Tarrigagua, comme un des plus dangereux de l’Amérique. « Qu’on se figure, dit Ulloa, des montées presqu’à plomb, et des descentes si rudes, que les mules ont beaucoup de peine à s’y soutenir. En quelques endroits le passage a si peu de largeur, qu’il contient difficilement une monture ; en d’autres, il est bordé d’affreux précipices qui font craindre à chaque pas de s’y abîmer. Ces chemins, qui ne méritent pas le nom de sentiers, sont remplis dans toute leur longueur, et d’un pas à l’autre, de trous de près d’un pied de profondeur, quelquefois plus