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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/275

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druple, ne suffisaient pas pour faire trouver des guides, des muletiers et des porte faix, ni même pour retenir ceux qui s’étaient offerts volontairement.

» Un des obstacles les plus rebutans était la chute fréquente et l’enlèvement des signaux qui terminaient les triangles. En France, les clochers, les moulins, les tours, les châteaux, les arbres isolés et placés dans un lieu remarquable offrent aux observateurs une infinité de points dont ils ont le choix ; mais, dans un pays si différent de l’Europe, et sans aucun point précis, on était obligé de créer en quelque sorte des objets distincts pour former les triangles. D’abord on posa des pyramides de trois ou quatre longues tiges d’une espèce d’aloës, dont le bois était fort léger, et cependant d’une assez grande résistance. On faisait garnir de paille ou de nattes la partie supérieure de ces pyramides, quelquefois d’une toile de coton fort claire, qui se fabrique dans le pays, et d’autres fois d’une couche de chaux : au-dessous de cette espèce de pavillon, on laissait assez d’espace pour placer et manier un quart de cercle ; mais, après plusieurs jours, et quelquefois plusieurs semaines de pluie et de brouillard, lorsque l’horizon s’éclaircissait, et que les sommets des montagnes, se montrant à découvert, semblaient inviter à prendre les angles, souvent, à l’instant même où l’on était près de recueillir le fruit d’une longue attente, on avait le déplaisir de voir disparaître les si-