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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/295

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d’un seul Américain. Quoi qu’il en soit, elles ont dans leur pays des trésors capables d’enrichir le monde entier, et l’embouchure de la rivière, qui descend de leur province, est à deux degrés et demi de hauteur méridionale. »

La ville de Para, que le P. d’Acugna nomme la grande forteresse des Portugais, est à trente lieues de Comuta. Il y avait alors un gouverneur et trois compagnies d’infanterie, avec tous les officiers qui en dépendent ; mais le judicieux voyageur observe que les uns et les autres relevaient du gouvernement général de Maragnon, qui était à plus de 130 lieues de Para, vers le Brésil ; ce qui ne pouvait causer que de fâcheux délais pour la conduite du gouvernement. « Si nos gens, dit-il, étaient assez heureux pour s’établir sur l’Amazone, il faudrait nécessairement que le gouverneur du Para fût absolu, puisqu’il aurait entre les mains la clef du pays. » Il termine son ouvrage par expliquer les vues de la cour d’Espagne dans ces voyages entrepris sur l’Amazone. D’abord il est clair que cette rivière, traversant toute l’Amérique méridionale, depuis les Andes jusqu’au Brésil, joignait d’une extrémité à l’autre les possessions espagnoles et portugaises réunies sous Philippe ii ; mais il s’offrait encore d’autres motifs. Les Français, les Anglais et les Hollandais, avaient commencé depuis long-temps à faire des courses incommodes dans les mers voisines des établissemens espagnols, et jusqu’à celle du Sud, d’où ils étaient revenus comblés de gloire