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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/297

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corsaires par la force et par le nombre. Ce projet n’était pas sans vraisemblance. L’exemple d’Orellana prouvait que la rivière était navigable en descendant. La difficulté ne consistait qu’à trouver la véritable embouchure pour remonter jusqu’à Quito. Mais, quoique la découverte semblât perfectionnée par le retour de Texeira, et par les observations du P. d’Acugna, tous les projets de l’Espagne s’évanouirent aussitôt que les Portugais eurent élevé le duc de Bragance sur le trône. Ils venaient d’apprendre à remonter l’Amazone depuis son embouchure jusqu’à sa source, et le roi d’Espagne craignit avec raison qu’étant devenus ses ennemis, ils ne lui tombassent sur les bras jusque dans le Pérou, le plus riche de ses domaines, lorsqu’ils auraient chassé les Hollandais du Brésil. Comme il y avait lieu de craindre aussi que la relation du P. d’Acugna ne leur servît de routier, Philippe iv prit le parti d’en faire supprimer tous les exemplaires, qui sont devenus très-rares.

Depuis ce temps-là les entreprises des Espagnols se sont bornées, sur l’Amazone, à réduire les peuples voisins de cette grande partie du fleuve qui est renfermée dans le gouvernement de Maynas. Ils doivent leurs succès moins à leurs armes qu’au zèle infatigable des missionnaires. Le voyage et la carte de La Condamine ont jeté un nouveau jour sur le pays et sur le cours de l’Amazone.

Il se trouvait, vers la fin de mars 1743, à