ses de large ; mais ce passage n’est périlleux que dans les grandes crues d’eau. Ce fut le soir du même jour que l’académicien rencontra le grand canot qu’on lui envoyait de San-Iago, et qui aurait eu besoin encore de six jours pour remonter jusqu’au lieu d’où le radeau était descendu en dix heures.
La Condamine arriva le 10 à San-Iago de las Montagnas, hameau situé à l’embouchure de la rivière du même nom, et formé des débris d’une ville qui avait donné le sien à la rivière. Ses bords sont habités par une nation nommé les Xibaros, autrefois chrétiens, et révoltés depuis un siècle contre les Espagnols pour se soustraire au travail des mines d’or du pays. Ils vivent indépendans dans des bois inaccessibles, d’où ils empêchent la navigation de la rivière, par laquelle on pourrait descendre en moins de huit jours des environs de Loxa et de Cuença. La crainte qu’ils inspirent a fait changer deux fois de demeure aux habitans de San-Iago, et leur avait fait prendre depuis quarante ans le parti de descendre jusqu’à l’embouchure de la rivière dans le Maragnon. Au-dessous de San-Iago, on trouve Borja, ville à peu près semblable aux précédentes, quoique capitale du gouvernement de Maynas qui comprend toutes les missions espagnoles des bords du fleuve. Elle n’est séparée de San-Iago que par le fameux Pongo de Manseriché. Pongo, anciennement Punca, dans la langue du Pérou, signifie Porte. On donne ce nom en cette langue à tous les