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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/309

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de la traverser, et d’aller attendre le moment favorable dans une petite anse voisine de l’entrée du Pongo, où le courant est d’une si furieuse violence, que, sans aucun saut réel, les eaux semblent se précipiter, et leur choc contre les rochers cause un bruit effroyable. Les quatre Indiens du port de Jaën, moins curieux que le voyageur français de voir de près le Pongo, avaient déjà pris le devant par terre, par un chemin de pied, ou plutôt par un escalier taillé dans le roc, pour aller l’attendre à Borja. Il demeura, comme la nuit précédente, seul avec un nègre sur son radeau ; mais une aventure fort extraordinaire lui fit regarder comme un bonheur de n’avoir pas voulu l’abandonner. Le fleuve, dont la hauteur diminua de vingt-cinq pieds en trente-six heures, continuait de décroître. Au milieu de la nuit, l’éclat d’une très-grosse branche d’un arbre caché sous l’eau s’était engagé entre les pièces du radeau, où elle pénétrait de plus en plus à mesure qu’il baissait avec le niveau de l’eau ; l’académicien se vit menacé de demeurer accroché et suspendu en l’air avec le radeau, et le moindre accident qui lui pouvait arriver était de perdre ses papiers, fruit d’un travail de huit ans ; enfin il trouva le moyen de se dégager et de remettre son radeau à flot.

Il avait profité de son séjour forcé à San-Iago pour mesurer géométriquement la largeur des deux rivières, et pour prendre les angles qui lui devaient servir à dresser une