trouve encore des Indiens qui mangent leurs prisonniers.
Entre les bizarres usages de ces nations dans leurs festins, leurs danses, leurs instrumens, leurs armes, leurs ustensiles de chasse et de pêche, leurs ornemens bizarres d’os d’animaux et de poissons passés dans leurs narines et leurs lèvres, leurs joues criblées de trous, qui servent d’étui à des plumes d’oiseaux de toutes couleurs, on est particulièrement surpris, dans quelques-uns, de la monstrueuse extension du lobe de l’extrémité inférieure de leurs oreilles, sans que l’épaisseur en paraisse diminuée. On voit de ces bouts d’oreilles, longs de quatre à cinq pouces, percés d’un trou de dix-sept à dix-huit lignes de diamètre, et ce spectacle est commun. Ils insèrent d’abord dans le trou un petit cylindre de bois, auquel on en substitue un plus gros à mesure que l’ouverture s’agrandit jusqu’à ce que le bout de l’oreille pende sur l’épaule. La grande parure de ces Indiens est de remplir ce trou d’un gros bouquet, ou d’une touffe d’herbes et de fleurs, qui leur sert de pendant d’oreille.
On compte six ou sept journées de Pévas, dernière mission espagnole, jusqu’à Saint-Paul, la première des missions portugaises. Dans cet intervalle, les bords n’offrent aucune habitation. Là commencent de grandes îles anciennement habitées par les Omaguas, et le lit du fleuve s’y élargit si considérablement, qu’un seul de ses bras a quelquefois 8 à 900 toises.