fait dans les autres que la carène. Il est fendu premièrement, et creusé avec le fer ; on l’ouvre ensuite par le moyen du feu pour augmenter sa largeur ; mais comme le creux diminue d’autant, on lui donne plus de hauteur par les bordages qu’on y ajoute, et qu’on lie par des courbes au corps du bâtiment. Le gouvernail est placé de manière que son jeu n’embarrasse point la cabane qui est ménagée à la poupe. On les honore du nom de brigantins. Quelques-uns ont soixante pieds de long sur sept de large et trois et demi de profondeur, et portent jusqu’à quarante rameurs. La plupart ont deux mâts, et vont à la voile, ce qui est d’une grande commodité pour remonter le fleuve à la faveur du vent d’est qui y règne depuis le mois d’octobre jusque vers le mois de mai.
Entre Saint-Paul et Coari, on rencontre plusieurs belles rivières qui viennent se perdre dans celle des Amazones, toutes assez grandes pour ne pouvoir être remontées de leur embouchure que par une navigation de plusieurs mois. Divers Indiens rapportent qu’ils ont vu sur celle de Coari, dans le haut des terres, un pays découvert, des mouches à miel, et quantité de bêtes à cornes ; objets nouveaux pour eux, et dont on peut conclure que les sources de cette rivière arrosent des pays fort différens du leur, voisins sans doute des colonies espagnoles du haut Pérou, où l’on sait que les bestiaux se sont fort multipliés. L’Ama-