Elle descend, comme celle de Topayos, des mines du Brésil ; et quoiqu’elle ait un saut à sept ou huit journées de l’Amazone, elle ne laisse pas d’être navigable, en remontant pendant plus de deux mois : ses rives abondent en deux sortes d’arbres aromatiques, dont les fruits sont à peu près de la grosseur d’une olive, se râpent comme la noix muscade, et servent aux mêmes usages. L’écorce du premier a la saveur et l’odeur du clou de girofle, que les Portugais nomment cravo ; ce qui a fait donner, par les Français de Cayenne, le nom de crabe au bois, qui porte cette écorce. L’académicien observe que, si les épiceries orientales en laissaient à désirer d’autres, celles-ci seraient plus connues en Europe. Cependant il a su dans le pays qu’elles passaient en Italie et en Angleterre, où elles entrent dans la composition de diverses liqueurs fortes.
L’Amazone devient si large, après avoir reçu le Xingu, que d’un bord on ne pourrait voir l’autre, quand les grandes îles qui se succèdent entre elles permettraient à la vue de s’étendre. Il est fort remarquable qu’on commence ici à ne plus voir ni moustiques, ni maringouins, ni d’autres moucherons de toute espèce, qui font la plus grande incommodité de la navigation sur ce fleuve. Leurs piqûres sont si cruelles, que les Américains mêmes n’y voyagent point sans un pavillon de toile, pour se mettre à l’abri pendant la nuit. C’est sur la rive droite qu’il ne s’en trouve plus, car le