métis, qu’on lui avait donné pour les commander, il mit deux mois à faire une route qui ne demandait pas quinze jours.
Quelques lieues au-dessous du Para, il traversa la bouche orientale de l’Amazone ou le bras du Para, séparé de la véritable embouchure, qui est la bouche occidentale, par la grande île de Joanes, plus connue au Para sous le nom de Marayo. Cette île occupe seule presque tout l’espace qui sépare les deux embouchures du fleuve. Elle est d’une figure irrégulière, et a plus de cent cinquante lieues de tour. Toutes les cartes lui substituent une multitude de petites îles. Le bras du Para, cinq ou six lieues au-dessous de la ville, a déjà plus de trois lieues de large, et continue de s’élargir. La Condamine côtoya l’île, du sud au nord, pendant trente lieues, jusqu’à sa dernière pointe, qui se nomme Magnazi, très-dangereuse, même aux canots, par ses écueils. Au delà de cette pointe, il prit à l’ouest, en suivant toujours la côte de l’île qui court plus de quarante lieues, sans presque s’écarter de la ligne équinoxiale. Il eut la vue de deux grandes îles qu’il laissa au nord, l’une appelée Machiana, et l’autre Caviana, aujourd’hui désertes, anciennement habitées par la nation des Arouas, qui, bien que dispersée aujourd’hui, a conservé sa langue particulière. Le terrain de ces îles, comme celui d’une grande partie de celle de Marayo, est entièrement noyé, et presque inhabitable. En quittant la côte de Marayo, dans l’endroit