dressent directement aux chefs des familles, car elles ne sont point gouvernées par des caciques ou par des curacas, comme l’étaient autrefois les Péruviens. Toute la forme de leur gouvernement consiste à respecter leurs anciens. Le Guase étale au chef de famille ce qu’il a de plus séduisant, et ne manque pas de lui présenter une petite quantité de vin. Si le traité se conclut, l’Américain publie dans tout le village que cet Espagnol est ami de la nation, et qu’on peut se fier à lui. Le Guase parcourt toutes les cabanes. Il convient du prix de chaque marchandise, et livre sans difficulté celle qu’on achète. Ensuite il se retire dans la première habitation où il est venu, en avertissant à son passage qu’il se dispose à partir. Rien de plus curieux que l’empressement avec lequel chacun court à son habitation pour lui délivrer fidèlement le prix dont il est convenu. Il rassemble ses effets ; il part, et le chef de la famille le fait accompagner jusqu’à la frontière par quelques habitans qui l’aident à mener les chevaux et les bœufs ou les vaches qu’il a reçus en échange. Avant 1724, on portait aux Indiens du vin en abondance ; mais l’expérience du danger a fait cesser cet usage. Il arrivait que, s’enivrant tous, ils prenaient subitement les armes pour assommer tous les Guases ou les Espagnols qui se trouvaient dans leurs habitations, sans respecter ceux dont ils avaient reçu des marchandises ; dans le même transport, ils fondaient sur les forts et les villages de
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