Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est assignée pour la plantation des deux époux, et commencent à travailler en leur faveur. Ils abattent les arbres et défrichent le terrain. Les femmes et les enfans y sèment du maïs ou d’autres grains convenables à la saison. Tous ensemble y bâtissent une cabane, qui doit être la demeure des jeunes mariés. Après les en avoir mis en possession, chacun pense à faire du chicacopa. On en fait beaucoup, et l’on en boit sans modération : mais, avant la chaleur de l’ivresse, le marié prend les haches et toutes les armes offensives, qu’il pend au plus haut chevron de la cabane. Cette fête dure aussi long-temps qu’il reste de quoi boire, c’est-à-dire, ordinairement trois ou quatre jours.

Il se fait des festins dans d’autres occasions, telles que l’assemblée d’un grand conseil. Les Américains parlent peu dans ces parties d’amusement. Ils boivent à la santé les uns des autres, et se présentent la coupe après avoir bu. Mais ils ne paraissent faire aucune attention à leurs femmes, qui se tiennent debout pour les servir. Elles prennent la coupe des mains de ceux qui viennent de boire, et ne la rendent qu’après l’avoir rincée. Jamais elles ne boivent ni ne dansent publiquement avec les hommes. Elles attendent, pour se réjouir entre elles, que leurs maris se soient retirés ; et le soin qu’elles prennent d’eux est extrême lorsqu’ils ont bu jusqu’à l’ivresse. Elles s’entr’aident pour les porter dans leurs hamacs, où elles leur jettent de l’eau pour les rafraîchir, et ne les quittent point