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succès que les boucaniers, quoique avec moins de préparation. Cette venaison, qui ressemble à notre bœuf fumé, se garde long-temps. Ils en coupent des tranches, qu’ils mettent dans un vaisseau de terre avec des racines et quantité de piment. Jamais ils ne font bouillir cette composition ; elle demeure couverte pendant sept ou huit heures sur la cendre chaude. On ne leur voit pas manger de chair plus d’une fois le jour ; mais ils mangent à toute heure des bananes et d’autres fruits. Chaque cabane est pourvue d’une grosse pièce de bois qui leur sert de table, et de petits troncs sur lesquels ils se placent à l’entour. Dans les fêtes, ils dressent une longue table, ils y étendent de grandes feuilles de bananiers, qui leur servent de nappe, et chacun a près de soi, par terre, à la droite, une calebasse pleine d’eau. Ils y avancent le pouce et l’index de la main droite, les portent au plat ; et pour chaque morceau qu’ils mangent ils trempent ces deux doigts dans la calebasse d’eau. Ils ne mangent aucune sorte de pain avec leur viande ; mais ils ont une petite masse de sel dont ils se frottent de temps en temps la langue pour s’exciter le goût.

Dans leurs voyages, le soleil leur sert de guide : mais si l’épaisseur des nuages ou quelque autre accident leur cause de l’embarras, ils ont recours aux arbres, dont ils observent l’écorce ; et le côté le plus épais leur fait connaître celui du midi. Ils marchent ordinaire-