soient achetés pour les provinces intérieures, où ils sont employés aux plantations que les Espagnols nomment haziendas. Mais ce bureau et ceux des finances royales établis à Carthagène ne produisent pas même assez pour l’entretien des fortifications, du gouverneur, de la garnison et des autres officiers du roi : on y supplée par les deniers royaux de Santa-Fé et de Quito.
« À Carthagène, comme dans toutes les autres colonies de l’Europe, les habitans sont divisés en différentes races. Les blancs forment, comme ailleurs, deux espèces : celle des Européens, qu’on y appelle chapetons, et celle des créoles, ou des blancs nés dans le pays. Le nombre des premiers est peu considérable, parce que la plupart retournent en Europe après avoir gagné quelque chose, ou passent plus loin pour augmenter leur fortune. Ceux qui se sont fixés à Carthagène y font presque tout le commerce. Les créoles possèdent les terres : on en compte quelques familles d’une grande distinction, c’est-à-dire descendues d’aïeux nobles qui se sont établis dans la ville après y avoir exercé les premiers emplois. La plupart se sont maintenues dans leur lustre, en s’alliant dans le pays avec leurs égaux, ou avec des Européens employés sur les galions. Il se trouve quelques familles de blancs pauvres, entées sur des familles américaines, ou du moins alliées avec elles. Quand la couleur ne les trahit pas, ils se croient