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des plantations. Ceux qu’on retient dans la ville y sont employés aux travaux les plus rudes, qui leur font assez gagner pour payer chaque jour à leurs maîtres une partie de leur salaire et pour se nourrir du reste. La chaleur les dispensant de porter aucune sorte d’habits, ils vont nus comme en Afrique, à la réserve d’un petit pagne de coton, dont ils se couvrent le milieu du corps. Les esclaves négresses ne sont pas autrement vêtues. Elles sont mariées à la campagne avec les nègres qui cultivent les champs, ou sans cesse occupées dans la ville à vendre des fruits, des confitures, des gâteaux de maïs ou de cassave, et d’autres plantes comestibles. Celles qui ont de petits enfans les portent sur les épaules pour se conserver la liberté des bras, et les nourrissent de leur lait sans les faire changer de situation. Leurs mamelles, dont elles laissent le soin à la nature, leur pendant quelquefois jusqu’au-dessous du ventre, il n’est pas surprenant qu’elles puissent les présenter par-dessous l’aiselle ou par-dessus l’épaule aux enfans qu’elles portent sur le dos.

« L’habillement des blancs est peu différent à Carthagène de celui que ses fondateurs y ont apporté d’Espagne ; l’étoffe en est seulement fort légère. Les vestes, par exemple, sont de toile fine de Bretagne, les culottes de même, et les pourpoints de taffetas uni, dont l’usage est général, sans aucune exception de rang. Les perruques y étaient encore si rares en