Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

mangent sans autre sauce que du sel d’eau de mer, qu’ils font eux-mêmes par l’évaporation de l’eau sur le feu, et quantité de leur poivre, qui est leur assaisonnement universel.

En se rendant de Panama au Pérou par Guayaquil, un voyageur curieux s’arrête volontiers sur la côte de Punta de Santa-Elena, pour y vérifier ce qu’on raconte de la propriété d’un limaçon tout-à-fait semblable à nos limaçons ordinaires. Ce petit animal contient l’ancienne pourpre, dont quelques modernes ont cru l’espèce tout-à-fait perdue, parce qu’il n’en restait aucune connaissance. Cette sorte d’escargot est environ de la grosseur d’une noix. Il renferme une liqueur qui est la véritable pourpre des anciens, et qui paraît n’être que son sang. Un fil de soie ou de coton qu’on y trempa prend bientôt une couleur si vive et si forte, qu’il n’y a point de lessive qui puisse l’effacer ; au contraire elle en devient plus éclatante, et le temps même ne peut la ternir. On l’emploie non-seulement à teindre le fil de coton et de soie, mais à donner la même couleur aux ouvrages déjà tissus, tels que des rubans, des dentelles et d’autres parures.

La manière d’extraire la liqueur est différente. Les uns tuent l’animal, et leur méthode est de le tirer de sa coquille, de le poser ensuite sur le revers de la main, de le presser avec un couteau, depuis la tête jusqu’à la queue, et de séparer du resté du corps la partie où