Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/173

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des ponts, dont on a trois sortes : ceux de pierre, qui sont en très-petit nombre ; ceux de bois, qui sont les plus communs, et ceux de liane ou de béjuque. Pour jeter un pont de bois, on choisit l’endroit le moins large de la rivière, entre quelques hauts rochers, où l’on met en travers quatre grandes poutres. C’est ce qu’on appelle un pont. Sa largeur ordinaire n’est que d’environ cinq pieds, et suffit à peine pour un cavalier sur sa monture. Ulloa nous décrit les ponts de béjuque avec des circonstances qui ne se trouvent point dans la description de Zarate. « Ces ponts, dit-il, se font sur les rivières dont la largeur ne permet pas qu’on y jette des poutres, qui, de quelque longueur qu’elles fassent, ne pourraient atteindre de l’un à l’autre bord. On tord ensemble plusieurs béjuques, dont on forme de gros câbles de la longueur qui convient à l’espace : on les tend de l’un à l’autre bord, au nombre de six pour chaque pont. Le premier, de chaque côté, est plus élevé que les quatre du milieu, et sert comme de garde-fou. On attache en travers sur ces quatre câbles de gros bâtons, par-dessus lesquels on ajoute des branches d’arbres, et c’est le sol où l’on marche. Les deux câbles qui servent de garde-fous sont amarrés à ceux qui forment le pont, pour servir plus solidement d’appui, sans quoi le balancement continuel de la machine exposerait beaucoup les passans. Il n’y a que les hommes qui passent sur ces ponts : on fait passer les