Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se met dans le mannequin ; les Américains de la rive d’où il part lui donnent une violente secousse, qui le fait rouler d’autant plus rapidement le long de la tabarite, que par le moyen de deux cordes on le tire en même temps de l’autre bord.

Pour le passage des mules il y a deux tarabites, l’une à peu de distance de l’autre. On serre avec des sangles le ventre, le cou et les jambes de l’animal. Dans cet état, on le suspend à un gros croc de bois qui court entre les deux tarabites par le moyen d’une corde à laquelle il est attaché. Il est poussé avec tant de vitesse, que la première secousse le fait arriver à l’autre rive. Les mules qui sont accoutumées au passage ne font aucune relance, et se laissent tranquillement attacher ; mais celles qu’on fait passer pour la première fois s’effarouchent beaucoup ; et lorsqu’elles se voient comme précipitées, elles s’élancent en l’air. La tarabite d’Alchipichi a d’une rive à l’autre 30 ou 40 toises de long, et n’est pas moins élevée au-dessus de l’eau que de 25 à 30, ce qui fait frémir à la première vue.

Les chemins du pays répondent aux ponts. Quoiqu’il y ait de vastes plaines entre Quito et Rio-Bamba, entre Rio-Bamba et Alauzi, et de même au nord, elles sont coupées par un grand nombre de ces passages qu’on nomme coulées, dont les descentes et les montées sont non-seulement fort longues et fort incommodes, mais presque toujours fort dangereuses.