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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/247

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fait leurs besoins. Alors ils parlent avec chaleur d’attaquer leurs ennemis, de les prendre, de les engraisser, de les assommer solennellement et de les manger.

Ce n’est jamais par des motifs d’intérêt ou d’ambition que les Brasiliens se font la guerre. Ils ne pensent qu’à venger la mort de leurs parens ou de leurs amis mangés par d’autres sauvages. Léry assure qu’on remonterait à l’infini sans trouver d’autre origine à leurs plus sanglantes invasions. La vengeance est une passion si vive chez tous ces peuples, que jamais ils ne se font aucun quartier. Ceux qui ont formé quelque liaison avec les Européens reviennent par degrés de cette férocité ; ils baissent la vue avec une sorte de confusion lorsqu’on leur en fait un reproche.

Il entre peu de formalités dans leurs guerres. Ils n’ont ni rois ni princes ; ils ne connaissent aucune distinction de rang ; mais ils honorent leurs anciens et les consultent, parce que l’âge, disent-ils, leur donne de l’expérience, et que, n’étant plus en état d’agir eux-mêmes, ils sont capables de fortifier les jeunes guerriers par leurs conseils. Chaque aldée, nom qu’ils donnent à quatre ou cinq cabanes situées dans un même canton, a pour directeurs plutôt que pour chefs un certain nombre de ces anciens, qui sont en même temps les orateurs de la société, surtout lorsqu’il est question d’animer les jeunes gens à prendre les armes. Ils donnent le signal du départ, et ne cessent point,