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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/268

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cun notre sac de cuir plein de petites marchandises qui nous servaient de monnaie d’or ou d’argent, nous fûmes libéraux à notre départ, c’est-à-dire que nous donnâmes au vieillard des couteaux, des ciseaux et des pincettes ; des peignes, des miroirs, des bracelets, et des boutons de verre aux femmes, et des hameçons pour la pêche, aux enfans. »

Léry se fait ici demander si, malgré toutes ces apparences de droiture et de bonté, il se croyait sans danger parmi des sauvages dont il connaissait la cruauté par d’autres preuves. Il répond : « Que, loin de trembler pour sa vie, il dormait parmi eux d’un profond sommeil ; que s’ils détestent leurs ennemis qu’ils assomment et qu’ils mangent, ils portent une extrême affection à leurs amis et leurs alliés ; que pour les garantir du moindre déplaisir, ils se feraient hacher en pièces ; enfin qu’il se croyait moins exposé chez les anthropophages du Brésil qu’on ne l’était alors en France, où les différens de religion semblaient autoriser la perfidie et le meurtre. »

Dans leurs maladies, les Brasiliens se traitent mutuellement avec des égards si tendres que, s’il est question d’une plaie, un voisin se présente aussitôt pour sucer celle d’un autre ; et tous les services de l’amitié sont rendus avec le même zèle. Outre diverses sortes de fièvres et d’infirmités communes aux autres peuples de l’Amérique méridionale, dont on a remarqué néanmoins que leur régime ou leur climat