modes, et meublées si proprement, que celles des Espagnols ne les valent point dans plusieurs bourgs du Pérou. Quelques-unes sont bâties de pierre, d’autres de briques crues, et la plupart de bois simples ; mais les unes et les autres sont couvertes de tuiles. Rien n’est négligé dans ces villages : il s’y trouve jusqu’à des fabriques de poudre à canon, dont une partie est réservée pour les temps de guerre, et l’autre employée aux feux d’artifice par lesquels on solennise toutes les fêtes ecclésiastiques et civiles. À la proclamation des rois d’Espagne, tous les officiers sont vêtus de neuf, et rien ne manque à la magnificence de leurs habits. Chaque église a sa chapelle de musique, composée de voix et d’instrumens ; le service divin s’y célèbre avec la même pompe que dans les églises cathédrales, et l’on vante surtout celle des processions publiques. Tous les officiers civils et militaires y paraissent en habits de cérémonie ; la milice y est en corps ; le reste du peuple porte des flambeaux, et tous marchent dans le plus grand ordre. Ces processions sont accompagnées de fort belles danses : il y a des habits particuliers et fort riches pour les danseurs.
» Entre les édifices publics de chaque village on voit une maison de force où les femmes de mauvaise vie sont renfermées ; elle sert en même temps de ce que les Espagnols nomment une béaterie, c’est-à-dire une retraite dans l’absence des maris, pour les femmes qui