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les uns dans le Chaco, et d’autres dans une île qui est au milieu du lac des Xarayès, portaient de l’or et de l’argent à Cusco avant l’arrivée des Espagnols.

Le P. Loçano, jésuite, dont l’historien du Paraguay emprunte ce qu’il dit du Chaco, parle de deux peuples si singuliers, qu’à peine peut-on en croire son témoignage. Notre devoir est de rapporter les faits, et d’en laisser le lecteur juge. Le premier se nomme Cullugas ; en langue péruvienne, Suripchaquins, qui signifie pied d’autruche. On les nomme ainsi parce qu’ils n’ont point de mollets aux jambes, et qu’aux talons près, leurs pieds ressemblent à ceux des autruches. Ils sont d’une taille presque gigantesque. Un cheval ne les égale point à la course. Leur valeur est redoutable, et, sans autres armes que la lance, ils ont détruit les Palamos, nation fort nombreuse. Le second n’a de monstrueux que la taille, qui est encore au-dessus de celle des Cullugas. Il n’est pas nommé ; mais un missionnaire honoré depuis de la palme du martyre assurait qu’ayant rencontré une troupe de ces Américains, il avait été surpris de les trouver si grands, qu’en levant le bras, il ne pouvait atteindre à leur tête.

En général, les Américains du Chaco sont d’une taille avantageuse : ils ont les traits du visage fort différens de ceux du commun des hommes, et les couleurs dont ils se peignent achèvent de leur donner un air effrayant. Un capitaine espagnol, qui avait servi avec hon-