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cipale place ont un étage, sans le rez-de-chaussée ; elles sont grandes et bien distribuées, accompagnées de jardins et de vergers. L’eau courante y est rare ; mais elle suffit du moins pour la consommation des habitans, surtout depuis que l’on a pris le soin de la répartir par des fontaines publiques, dans les différens quartiers de la ville. On y compte 15,000 âmes.

La ville de la Paz est grande et bien bâtie, près des Andes, sur un terrain inégal. Les collines qui l’environnent y bornent la vue de toutes parts, excepté vers une rivière qui traverse la vallée, encore s’étend-elle fort peu au delà. Dans les grandes eaux, causées par les pluies ou par la fonte des neiges, cette rivière, quoique médiocre, entraîne de prodigieux rochers et roule des morceaux d’or, qu’on recueille après le débordement. En 1730, un Américain, se lavant sur la rive, en trouva un si gros, que le marquis de Castel Fuerte l’acheta douze mille piastres, et l’envoya au roi d’Espagne, comme une rareté digne du cabinet royal. Le principal commerce de cette ville episcopale, peuplée de 20,000 âmes, consiste en herbe de Paraguay, que l’on fait passer en grande quantité dans le Haut-Pérou.

Le voisinage des montagnes, qui ne sont éloignées que de douze lieues des murs, rend la plus grande partie du pays froide, et l’expose aux gelées fortes, aux neiges et aux frimas : mais la ville est à couvert de ces désagrémens par sa situation. Il y fait même assez