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sonnes en prennent aussi dans l’après-dînée. Il se peut que l’usage en soit salutaire ; mais la manière de la prendre est extrêmement dégoûtante ; quelque nombreuse que soit une compagnie, chacun boit par le même tuyau, et tour à tour, faisant ainsi passer le maté de l’un à l’autre. Les chapetons ne font pas grand cas de cette boisson ; mais les créoles en sont passionnément avides. Jamais ils ne voyagent sans une provision d’herbe du Paraguay, et ne manquent point d’en prendre chaque jour, la préférant à toutes sortes d’alimens, et ne mangeant qu’après l’avoir prise.

On trouve au Pérou et au Chili le mollé ou poivrier d’Amérique, que les habitans de ce dernier pays nomment hovighan. Quand on déchire ses feuilles, il en sort un suc laiteux, gluant et visqueux, qui a une odeur moyenne entre le poivre et le fenouil, et qui s’échappe par jets ; de sorte que, lorsque l’on en met les morceaux sur l’eau, ils reçoivent à chaque instant une impulsion qui les fait changer de place, ce qui étonne les personnes qui n’en sont pas instruites. Il suinte de son écorce une liqueur résineuse ou gommo-résineuse très-odorante, qui devient concrète à l’air. On dit que l’écorce sèche, réduite en poudre, est propre à raffermir les gencives et les dents, et à déterger les ulcères. La pulpe des fruits, qui sont gommeux et doux au goût y écrasée dans l’eau, forme une boisson très-délicate qui devient vineuse et ensuite acide.